La musique châabi algéroise s'offre une entrée sur la scène internationale avec une mini-tournée européenne qui démarre cette semaine en France à Marseille, avant la sortie en octobre d'un album piloté par le chanteur britannique Damon Albarn et d'un film au printemps 2008.
Le premier concert a lieu jeudi au théâtre marseillais du Gymnase. Quarante de ses plus grands maîtres sont attendus - un nombre de musiciens jamais vu. Ce sera ensuite Paris le 29 septembre, Londres le 10 octobre, Berlin le 31 octobre et New York en 2008.
C'est une jeune algéro-irlandaise, Safinez Bousbia, qui est à l'origine de ce projet à plusieurs tiroirs, baptisé "El Gusto" - la bonne humeur dans le parler algérois.Au cours d'une balade dans la Casbah il y a trois ans, la jeune femme fait la rencontre d'un musicien: Il lui parle tant et si bien de cette musique, née à la fin du 19e siècle et qui connut son heure de gloire dans les années 1940-1960, qu'elle décide de partir en quête des hommes qui l'ont façonnée mais que l'Histoire a séparés."Je voulais simplement les remettre en relation. Ensuite est née l'idée du film et de l'album", dit-elle.
Une aventure semblable à celle du Buena Vista Social Club de Cuba.Les financeurs n'ont pas été faciles à convaincre: la plupart des musiciens ont plus de 70 ans. En revanche, Damon Albarn, leader des groupes Blur et Gorillaz, toujours en quête de nouvelles expériences, a rapidement donné son aval pour enregistrer ces "dinosaures".Le concert de Marseille a donné lieu à des retrouvailles émues entre les 33 musiciens arrivés d'Alger et ceux de Paris, qui s'étaient perdus de vue parfois depuis plus de 40 ans."Le plus grand plaisir, c'est de se revoir. Refaire de la musique ensemble, ce sera extraordinaire", dit Luc Cherki.
Ahmed Bernaoui, René Perez, Abdelkader Chercham, Maurice El Medioni... s'interpellent et se taquinent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Tout à leur plaisir d'être là, ils ont oublié les années de disette où "certains vivaient dans la misère" à Alger, selon Safinez Bousbia.Le comédien et musicien Robert Castel, venu rendre hommage à son père Lili Labassi, espère que cette expérience permettra au châabi de sortir du cercle des mélomanes.
En France, en 1998, le chanteur Rachid Taha avait popularisé "Ya Rayah", un titre sur l'exil de Dahmane El Arachi, l'un des autres grands maîtres de cette musique mort en 1980. "Mais cela n'a pas été suivi d'effet", regrette-t-il.Pour cette musique qui chante l'amour, l'amitié, l'absence, la trahison, un orchestre traditionnel compte, outre le chanteur, une dizaine de musiciens - joueurs de mandole, violon, derbouka, tambourin, piano, voire aujourd'hui de synthé.
Le châabi - "populaire" en algérien - puise sa source dans le chant arabo-andalou, rapporté d'Espagne par les Maures mais jugé trop intellectuel par les petits pêcheurs, artisans et prostituées de la Casbah.Reléguée au second rang ces dernières années par l'émergence du raï et du rap, cette musique n'a pas dit son dernier mot, affirme le chef d'orchestre d'El Gusto El Hadi Halo, fils de Hadj M'Hamed El Anka, qui en a posé les règles."Cette musique véhicule la culture algéroise qu'on ne peut dissocier de la vie quotidienne. Même si elle n'est pas très médiatisée, elle est présente dans tous les évènements: mariages, baptêmes, fêtes religieuses", dit-il. Pour lui, la relève, formée notamment sur les bancs du conservatoire d'Alger où il enseigne, est là.
Par hayet zitouni le 06/09/2007 à 09:16 in "Tout sur l'Algérie"
Le premier concert a lieu jeudi au théâtre marseillais du Gymnase. Quarante de ses plus grands maîtres sont attendus - un nombre de musiciens jamais vu. Ce sera ensuite Paris le 29 septembre, Londres le 10 octobre, Berlin le 31 octobre et New York en 2008.
C'est une jeune algéro-irlandaise, Safinez Bousbia, qui est à l'origine de ce projet à plusieurs tiroirs, baptisé "El Gusto" - la bonne humeur dans le parler algérois.Au cours d'une balade dans la Casbah il y a trois ans, la jeune femme fait la rencontre d'un musicien: Il lui parle tant et si bien de cette musique, née à la fin du 19e siècle et qui connut son heure de gloire dans les années 1940-1960, qu'elle décide de partir en quête des hommes qui l'ont façonnée mais que l'Histoire a séparés."Je voulais simplement les remettre en relation. Ensuite est née l'idée du film et de l'album", dit-elle.
Une aventure semblable à celle du Buena Vista Social Club de Cuba.Les financeurs n'ont pas été faciles à convaincre: la plupart des musiciens ont plus de 70 ans. En revanche, Damon Albarn, leader des groupes Blur et Gorillaz, toujours en quête de nouvelles expériences, a rapidement donné son aval pour enregistrer ces "dinosaures".Le concert de Marseille a donné lieu à des retrouvailles émues entre les 33 musiciens arrivés d'Alger et ceux de Paris, qui s'étaient perdus de vue parfois depuis plus de 40 ans."Le plus grand plaisir, c'est de se revoir. Refaire de la musique ensemble, ce sera extraordinaire", dit Luc Cherki.
Ahmed Bernaoui, René Perez, Abdelkader Chercham, Maurice El Medioni... s'interpellent et se taquinent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Tout à leur plaisir d'être là, ils ont oublié les années de disette où "certains vivaient dans la misère" à Alger, selon Safinez Bousbia.Le comédien et musicien Robert Castel, venu rendre hommage à son père Lili Labassi, espère que cette expérience permettra au châabi de sortir du cercle des mélomanes.
En France, en 1998, le chanteur Rachid Taha avait popularisé "Ya Rayah", un titre sur l'exil de Dahmane El Arachi, l'un des autres grands maîtres de cette musique mort en 1980. "Mais cela n'a pas été suivi d'effet", regrette-t-il.Pour cette musique qui chante l'amour, l'amitié, l'absence, la trahison, un orchestre traditionnel compte, outre le chanteur, une dizaine de musiciens - joueurs de mandole, violon, derbouka, tambourin, piano, voire aujourd'hui de synthé.
Le châabi - "populaire" en algérien - puise sa source dans le chant arabo-andalou, rapporté d'Espagne par les Maures mais jugé trop intellectuel par les petits pêcheurs, artisans et prostituées de la Casbah.Reléguée au second rang ces dernières années par l'émergence du raï et du rap, cette musique n'a pas dit son dernier mot, affirme le chef d'orchestre d'El Gusto El Hadi Halo, fils de Hadj M'Hamed El Anka, qui en a posé les règles."Cette musique véhicule la culture algéroise qu'on ne peut dissocier de la vie quotidienne. Même si elle n'est pas très médiatisée, elle est présente dans tous les évènements: mariages, baptêmes, fêtes religieuses", dit-il. Pour lui, la relève, formée notamment sur les bancs du conservatoire d'Alger où il enseigne, est là.
Par hayet zitouni le 06/09/2007 à 09:16 in "Tout sur l'Algérie"
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